Roger Corman himself

Roger Corman - Partie 5

Année 1964 : Corman enchaîne deux de ses meilleurs films...




Masque of the Red Death

...Masque of the Red Death
est un film magnifique...


Tomb of Ligeia

Tomb of Ligeia
...le plus respectueux
diront les fans de Poe...


1964, c'est l'année du "Masque de la mort rouge" ("The Masque of the Red Death"), l'un des films les plus ambitieux de Corman. De nombreux changements avaient eu lieu dans sa façon de tourner, déjà il avait choisi de tourner en Europe, pour l'argent bien sur, mais aussi pour l'ambiance (le film se situe dans l'Italie du XIIème siècle). Il se fait donc envoyer des Etats-Unis le scénario de Charles Beaumont adapté d'Edgar Poe, Corman est atterré par la médiocrité du travail de Beaumont, il décide avec son ami Bob Campbell, de le réécrire. Sitôt dit, sitôt fait, Corman et Campbell décident de tout baser sur la lutte du bien et du mal, mais le résultat ressemble plus à une série d'historiettes qu'a un véritable scénario. Alors les deux auteurs choisissent de compliquer les personnages, de rendre leur psychologie plus complexe, moins claire. Le bien et le mal s'affrontent toujours, mais plus qu'entre les protagonistes, ils s'affrontent aussi à l'intérieur de ces derniers. Le jeu sur les apparences est carrément génial, les personnages les plus "doux" s'avèrent être les tueurs les plus froids, les personnages les plus "durs" s'avèrent bien souvent être les plus faibles. Toute cette ambiguïté domine le film, rien n'est vraiment clair, les valeurs ne sont jamais clairement établies. "The Masque of the Red Death" est un film magnifique, souffrant de quelques petites erreurs tout à fait pardonnables, rattrapées par la conviction que mettent Vincent Price ou Hazel Court à donner vie à leur personnage.

Corman va enchaîner avec "Tomb of Ligeia", son plus beau film d'après moi (et d'autres d'ailleurs), il voulait poursuivre avec "Le scarabée d'or" mais la mort de Peter Lorre fit capoter le projet.

Donc, nous sommes fin 1964, Corman termine "Tomb of Ligeia". Ce film est certainement le plus proche, le plus respectueux diront les fans de Poe, de l'univers du poète. Corman change radicalement de méthode, fini les brumes pour masquer les décors de studio, fini les séquences un peu grand guignol, "Tomb of Ligeia" est l'un des ses films où il s'investi le plus en tant qu'artiste. Deux composantes sur lesquelles Corman avait toujours un peu dérapé y sont développées, l'illustration d'un monde réèl et non plus seulement subconscient, et surtout, le thème de l'amour perdu, veritable ossature du film. Ce film , le dernier du cycle Poe, est certainement le meilleur, les exterieurs beaucoup plus nombreux, sont superbes, Vincent Price et Hazel Court s'investissent complètement dans leurs rôles, la mise en scène, sobre, est particulièrement soignée.

Années 1965/1966 : Repos, Hell's Angels et Al Capone


1965 sera une année quasi sabatique pour Corman, il ne tourne aucun film, en produit seulement deux, le deuxième justement, dont le titre est "Queen of Blood" (un film construit autour de séquences d'effets spéciaux de films soviétique) voit apparaitre un jeune acteur du nom de Denis Hopper. 1966, la véritable carrière de découvreur de talents de Corman commence, bien sur, il a déjà placé sur les rails Jack Nicholson ou Francis Ford Coppola, mais en regardant la distribution de "The Wild Angels" on est attiré par de nombreux noms connus. La mode est aux Hells Angels, Corman se lance tête baissée dans le sujet. "The Wild Angels" raconte l'histoire d'une amitié entre le leader d'un groupe de Hells et un des membres du groupe. Le film est très moyen, mal photographié (pellicule de mauvaise qualité), le montage est plus qu' hasardeux, et la musique (question de goût mise à part) pénible. Corman joue sur tout ce qui fait la légende des Hells, baston entre gangs, emblèmes nazis, viol dans une église, orgies, tout les actes des Hells semblent être là pour faire "de la bande annonce", ce qui n'est pas loin d'être vrai, mais en une phrase, à la fin du film, Corman justifie ses outrances, faisant alors ressortir les raisons de tant de violences. Reste que le film est pas terrible, bien décevant après le dernier Poe. On y retrouve Peter Fonda (excellent), Bruce Dern (tout aussi bon), et l'une des plus mauvaise actrice de tout les temps (sans rire) Nancy Sinatra, on pourra aussi remarquer quelques seconds rôles comme Dianne Ladd, Michael J. Pollard ou encore Gayle Hunnicutt. Mais le plus amusant,c'est la présence sur le tournage, d'un débutant, non crédité au générique, qui va faire ses premiers tours de manivelle en tant que réalisateur (on est à peu près sur qu'il est responsable de la très belle séquence d'ouverture), un certain... Peter Bogdanovich.



L'affaire Al Capone

Cette année là, 1966, Corman tourne pour la Fox "The St. Valentine's Day Massacre" ("l'affaire Al Capone"), il choisit une approche réaliste des actes de Capone, contrairement à la mode qui consiste à romantiser (hum) les gangsters, à faire ressortir leur coté rebelle (cf. "Bonnie and Clyde" dans lequel le romantisme est bien contrebalancé par une violence omniprésente). L'aspect froid du film, son coté mécanique, sont ses principaux atouts, malheureusement Jason Robards n'a rien compris (ou alors on lui a mal expliqué), et il cabotine à outrance, il fait de Capone un clown exubérant, une interprétation peu adaptée au personnage et qui va à l'encontre de l'esprit voulu pour le film . Roger Corman occupé par l'ampleur de la production , et l'eternel soucis de faire le maximum d'économies , en oublie de le diriger (Brando devait tenir le rôle au départ, d'autres contrats l'en empêchèrent) . Corman réussi à faire économiser plus de 400000$ à la Fox (ils n'en sont pas revenus !), dommage que cet argent n'ait pas été utilisé pour retourner certaines scène, en calmant un peu Jason Robards. On peut pas tout avoir, c'est ralant.

Kronos

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