Roger Corman himself

Roger Corman - Partie 3

Cycle Edgard Poe : départ !




House of Usher

...très apprécié par la critique,
et très gros succès public...


MÊME SI Corman a fondé sa propre compagnie, il continue à travailler pour l'A.I.P, ils leur propose l'adaptation de "La chute de la maison Usher". Ces derniers regrettent que le film n'ait pas de monstre, Corman leur démontre que dans leur adaptation, la maison est un monstre, ils acceptent. Pour l'adaptation de Poe, Corman s'est attaché les services de Richard Matheson, ils choisissent une adaptation basé sur les interprétation Freudiennes de Poe, en donnant beaucoup d'importance aux relations avec les parents.

Pour les fidèles d'Edgar Poe, attention, Corman et Matheson ont souvent rappelé que Poe leur avait donné la première et la dernière bobine de chacun des films du cycle, le reste est assez loin de Poe. "House of Usher", donc, on pourrait y passer la journée à l'analyser, Corman y utilise beaucoup de choses, comme la caméra subjective, ou encore les inserts dont il se sert pour passer d'un "acte" à un autre (un rideau de théâtre en quelque sorte), d'autres détails ont beaucoup d'importance, l'état mental de Madeline est souligné par la couleur de sa robe (blanche, puis rouge, et enfin bleu pour sa libération), dernière chose assez intéressante l'utilisation de la grue pour filmer ses acteurs de haut, pour les écraser du poids de la maison. Entièrement filmé en studio (pour accentuer l'effet irréaliste) ce film est plutôt remarquable (très apprécié par la critique et très gros succès public), même s'il n'est pas exempt de défauts, en particulier la musique parfois trop présente de Les Baxter.

Premier film de guerre...


À ce moment là, Corman laisse tomber pour quelques mois son cycle Poe et attaque(!) son premier film de guerre, le légendaire "Ski Troop Attack" (1960). Pas beaucoup d'argent, difficulté de trouver des acteurs pas chers pour tourner dans les montagnes du Dakota du sud, Corman ne se démonte pas et embauche deux écoles de ski rivales, cette rivalité il l'attise pendant le tournage histoire de rendre les combats plus réalistes (il raconte que, souvent, à l'annonce du "coupez" les deux bandes continuaient allègrement à se foutre sur la gueule), petit problème pour Corman dès le début du tournage, un acteur jouant un personnage important d'une des deux écoles se casse la jambe. Personne sous la main pour le remplacer, Corman choisit de jouer lui-même, seuls problèmes, il ne sait absolument pas skier, et ne parle pas un mot d'Allemand (alors qu'il doit donner de nombreux ordres dans cette langue). Le résultat est à la hauteur des problèmes rencontrés pendant le tournage, épuisant...

Premier Peplum...


Toujours avant de reprendre le cycle Poe, il choisit de tourner son premier péplum "Atlas" (rien que ça), un coproducteur grec amène l'argent nécessaire pour le premier tournage vraiment coûteux de Corman, malheureusement, le grec en question, fait faillite quelques jours avant le tournage. Corman ne se démonte jamais, il est en Grèce, il y'a des ruines donc des décors, il a une équipe de techniciens, donc des figurants en puissance. Malgré ça les scènes de bataille arrivent rarement à dépasser les 30 belligérants, difficile, difficile, comment justifier tout ça ? Simple en fait, voilà un extrait du dialogue entre Atlas et Praximedes :

- Atlas : Pourquoi votre pays semble t'il en ruine ?
- Praximédes : Nous avons constamment connu des guerres depuis 600 ans, on a jamais eu le temps de reconstruire.

Hum.. Ou alors, Praximédes expliquant le peu d'hommes engagés dans les batailles "Mes tactiques prévoient qu'un petit groupe d'homme bien entraînés et très mobiles peuvent vaincre une grande armée" Re-hum...

Du coté de chez Poe...




Vincent Price dans "La chambre des tortures"

...Vincent Price qui n'a
jamais autant couiné
que dans ce film...

Mais revenons, en même temps que Corman, au cycle Poe, avec le curieux "La chambre des tortures" ("The Pit and the Pendulum"), ne nous le cachons pas, même si ce film est réussi visuellement, le scénario comporte des trous si énormes que toute l'équipe de tournage pourrait aisément y tomber. Ce n'est pas vraiment grave, même s'il faut attendre une bonne heure avant de voir Barbara Steele, sa présence rachèterait toutes les erreurs, sans compter la performance incroyable de Vincent Price qui n'a jamais autant couiné que dans ce film. Des images qui marquent aussi, avec les cadrages de personnages souvent amorcés par des flammes, ou encore, la longue descente de Price dans les oubliettes (très grand moment de cinéma).

Les deux adaptations de Poe ont rapportés beaucoup d'argent à Corman, il en profite pour remettre sur le tapis un projet auquel il tient beaucoup. Une adaptation de "The Intruder", roman dont le sujet est l'intégration raciale. On est en 1962, le sujet est brûlant, personne ne veux le produire. Alors Corman et son frère engloutissent tout leurs bénefs dans ce film. Histoire de rendre les choses moins faciles, Corman décide de tourner dans les petites villes du sud tout les extérieurs. Il est rapidement menacé par des pseudo KKK et est obligé de quitter les villes en questions, il y reviendra pour quelques raccords, sous la protection des autorités. Le film ne sera distribué qu'avec parcimonie et ne connaîtra aucun succès, en passant, le rôle de l'ultra-réactionnaire Adam Cramer est tenu par William "Cpt Kirk" Shatner.

Pour se refaire un peu de monnaie, Corman reprends le cycle Poe, avec l'adaptation d'une courte nouvelle racontant les souffrances d'un enterré vivant. Plutôt que de s'en tenir à ce qui aurait pu être le huis-clos le plus terrifiant de l'histoire du cinéma, Corman enrobe le tout d'une vague histoire d'héritage. Pas génial, le film traîne en longueur, et le scénario est rapidement décodé, mais avec quelques plans très efficaces disséminés ça et là, on arrive à rester éveillé. Avant de reprendre sur le cycle Poe, il faut rappeler que Corman est aussi producteur, il vient de racheter les droits sur quelques dizaines de films de SF soviétiques, de manière à réutiliser les scènes avec effets spéciaux. Pour travailler sur le découpage et la récup de ses films, il demande à l'université de UCLA de débaucher quelques élèves monteurs, l'un d'entre eux s'appelle Francis Ford Coppola.



Tales of Terror

Toujours la même année c'est le tournage de "L'empire de la terreur" ("Tales of Terror") film à sketches dans lesquels on retrouve Peter Lorre, Vincent Price, Debra Paget et Basil Rathbone. Les sketches sont inégaux, le premier, "Morella" est intéressant parce que la terreur est induite quasi uniquement par des mouvement de caméra plutôt sophistiqués (subjectifs, travellings complexes), le peu d'effet spéciaux étant limite catastrophique. On prendra aussi un grand plaisir à retrouver Peter Lorre, qui cabotine si bien, dans le second sketch "Le chat noir", où il verra sa tête arrachée et donnée en pâture à l'animal. Le troisième, je l'ai complètement oublié. Amusant de retrouver ces gros calibres du film fantastique, mais comme tout les films à sketches l'ensemble manque forcément de cohérence.

Kronos

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