Roger Corman himself

Roger Corman - Partie 2

Fin des années 50 : retour aux films de gangsters et... un homme des cavernes


DU COUP, Corman en à marre de tourner avec peu de moyens des films qui en nécessitent beaucoup, de plus, la mode revient aux films de gangsters, il n'hésite pas une seule seconde et commence le tournage d'un de ses plus grand films, un joyaux de la série B, "Machine Gun Kelly". Ce film est incroyable, regorge d'idée, fait voler les conventions du genre, non pas en les enlevant, mais en les transcendant. La scène du hold-up est tournée en partie en ombres chinoises, sans aucun dialogue, le personnage de MGK est complètement dominé par sa femme (qui tient aussi un rôle de mère en quelque sorte), et il n'existe que lorsqu'il tient son arme. (Il se fait cogner par ses subordonnés dès qu'il pose sa mitraillette, dès qu'il la reprends il est vénéré). Beaucoup d'autres bonnes choses dans ce film remarquable, qui, en plus, permet à Charles Bronson de se faire un nom (ce qui, en y repensant, n'est peut-être pas une aussi bonne chose que ça :)


I Mobster

Après MGK Corman continu dans le film de gangsters, avec l'étonnant "I, Mobster" histoire d'un patron de syndicat du crime, qui, contre une promesse d'immunité, raconte sa vie. Peu de violence, descriptions cliniques, un style que l'onretrouvera quelques années plus tard dans "L'affaire Al Capone". On pourra juste regretter quelques "maladresses" destinées à produire une bande annonce racoleuse, le film est produit par la 20th Century Fox.

Corman, toujours en 58, tourne " Teenage Caveman" (titre imbécile imposé par les dirigeants de l'AIP), ce film raconte (de bien belle manière) comment un membre d'une société préhistorique cherche à échapper aux rites de sa tribu (thème du marginal, récurrent chez Corman), fauché mais ambitieux, avec une belle surprise à la fin (c'est Robert Vaughn qui s'y colle dans le rôle titre).


A Bucket of Blood

...Corman réalise un de ses
meilleurs films...

Et là, attention, on est en 1959 et Corman réalise un de ses meilleurs films "A Bucket of Blood" (sorti en France sous le titre "Un baquet de sang"), ce film est, à la fois, une satire assez méchante des milieux beatniks (en particulier de leurs artistes bidons) mais aussi, et surtout, rudement bien foutu (malgré une baisse de rythme dans la deuxième partie), chaudement recommandé en tout cas.

A ce moment là, Corman fonde sa propre compagnie, Filmgroup, et réalise son plus mauvais film (quoique très rigolo dans sa seconde partie) "The Wasp Woman" une histoire de produit de beauté à base d'enzymes de guêpe qui transforment leur utilisatrice en femme-guêpe-vampire, très mauvais, bâclé. Encore une fois, les problèmes de "The Wasp Women" sont surtout dus au manque de moyens, le déguisement de la femme guêpe est un sommet du ridicule, à la limite il aurait mieux valu s'en passer et tout suggérer à 100% ("La Féline" de Jacques Tourneur, est un modèle du genre, et un modèle pour Corman, toujours admiratif devant ce chef d'oeuvre).

Mais les ados réclament des effets, même sommaires, alors Corman cède aux lois du marché.

Année 1960 : Feeeeeeed Meeeee!!!




The Little Shop of Horrors

Enfin, on arrive en 1960, et là, mais alors LÀ ! Et oui, c'est le fameux "The Little Shop of Horrors" tourné en deux jours et une nuit (avec deux caméras, ça aide pour aller plus vite), il n'est pas exempt de défauts, loin de là, mais reste une de ses réalisations les plus intéressantes et la plus typique de ce réalisateur hors du commun, un concentré de Corman en quelque sorte. Le film sera un tel succès, qu'il est encore considéré aujourd'hui comme l'un des grands classiques du cinéma, remakes et autres adaptations sont légion. Il nous reste donc deux films avant la fameuse période "Poe". Le premier est "The Last Women on Earth", histoire des trois derniers survivants d'une apocalypse nucléaire, une femme (jolie) et... deux hommes (jaloux). Malgré les interminables bavardages le film se laisse voir, surtout les scènes finales, extrêmement morbides et nécrophiles (un goût de "Lune froide", si si). Notons, à propos de ce film, que pour éviter d'avoir à construire une ville en ruine avec pleins de cadavres, Corman fait dire à un de ses héros qu'il ne supporte pas la vue des cadavres (et du coup, ils vont pas en ville, d'où une substantielle et plutôt "fine" économie de décors).

Toujours en 1960 c'est la réalisation de "Creature From the Haunted Sea", que je n'ai jamais vu, et que je me demande même s'il n'est pas définitivement perdu, sob ! À ce propos rajoutons une petite anecdote qui donne une bonne idée de l'ambiance sur un tournage de Corman. Pour ce film donc, décidé à la dernière minute, Corman avait réussi à convaincre (il n'a jamais voulu dire comment, mieux vaut ne pas savoir) Charles Griffith de lui écrire un scénario pour 500$, ce dernier se venge en créant pour le rôle de Corman (un des rôles principaux) des scènes particulièrement délicates où son personnage devait passer du rire aux larmes sans arrêt, de l'hystérie au calme, etc. Une performance à la limite du possible. Corman ne se démonte pas et offre le rôle en question à son perchman, qui venait d'arriver (à ses frais, bien sur :) à Porto Rico pour remplacer le technicien Portoricain qui ne parlait pas un mot d'Anglais et qui faisait perdre du temps à tout le monde.

Kronos

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