Urban Legend (fr)

Urban Legend

de Jamie Blanks
1998 - 1h39 (de trop) - USA ("Urban Legend")
avec : tout un tas de ragondins, Alicia Witt, Jared Leto, Rebecca Gayheart, Michael Rosenbaum, Loretta Devine, un cam�o de Brad Dourif, et Robert "Freddy" Englund venu cachetonner ?
script (haha) : Sylvio Horta

Sébastien Barré, le 28 mars 1999 (Note : quelques spoilers/révélations, mais pas sur le tueur) :

ON NE PEUT décemment pas écouter Bonnie Tyler à fond ("woooooow, totol eclipse ove de harte, wowowow") et impunément sans encourir tout de même la vengeance du bon goût, accessoirement sous la forme d'une hache en pleine poire. C'est là involontairement la meilleure idée du film, qui ponctue ainsi une scène d'intro tragi-comique largement au dessus du reste de ce daubissime nouveau slasher (merci à Brad Dourif).

Urban Legend : ze killer

"Oh mon Dieu, un manteau !"




Or donc, Mad Movies (non, je ne vais donc pas m'abonner) s'était fendu, par la plume de Damien Granger, de 4 pages (et un énooooormmme spoiler je m'en rends compte à postériori) sur "Urban Legend", censé relever un peu le niveau depuis "Souviens toi l'été dernier j'ai fait un film pour payer ma piscine", et "Souviens toi 2 l'été dernier je me suis construit un grand plongeoir". OK monsieur Granger, you got me, même si je n'ai pas eu à payer ma place, je suis particulièrement rancunier en matière de torture morale. Néanmoins, vil journal, tu m'appâtas aussi par l'interview de la fort adorable scream queenette Alicia Witt, et là dessus je suis d'accord sur un point : "Alicia, vite.".

Car si "Urban Legend" n'était qu'au premier degré, cela nous mènerait tout droit au grand prix de sémiologie pour Vincent Lagaff. Non, "Urban Legend", ce n'est pas vraiment du 1er degré, c'est encore bien pire, c'est un exercice d'une lourdeur et d'une non-finesse grandiose. Une seule "idée" (pardon à Monsieur Jean Idée, l'inventeur des idées) : le tueur, vil personnage sous son manteau à capuche en peau d'ewok, se manifeste en mettant en scène des légendes urbaines (remember l'alligator dans les égouts, le chien dans le micro-onde, les mygales dans les arbres) meurtrières, mais dont la moitié sont inconnues en Europe à mon avis. Point barre. A y est. A p'u d'autre idées. Fini. Vidé. Non n'insistez pas, vous pensiez à l'habile rencontre des légendes urbaines de "Candyman" et de l'habileté de "Scream", passez votre chemin. Et quand on réalise que la nature d'une légende urbaine est, par définition, d'être connue par le plus grand nombre, on imagine à quel point justement les scènes seront sans surprise et sans suspens (à quand un film sur les blagues Carambar ?).

Urban Legend : cherchez l'erreur

Deux des tamagochis
de "Urban Legend"




Et pour le reste, c'est tout simplement délirant : une équipe d'étudiants tous unis dans le plus grand concours de connerie involontaire qui soit (cette fac recrute t'elle sur GameBoy ?), une extériorisation mammaire de bon aloi de la part des bimbos et autres blondasses qui ne manqueront pas de servir de repose-hache pour l'hiver, et des astuces dignes de nos ancêtres les slashers les moins fins : des fausses pistes (dont un hallucinant personnage de balayeur à la tête si effrayante qu'on aurai même pu le bizuther à la peinture rouge : "hého les bouffeurs de popcorns, c'est moi le tueur les gars !"), des effets faciles et malhonnêtes (le "coup du tuyau/du chat", à savoir faire entrer violemment quelque chose dans le champ de la caméra avec un gros bruit, faire se bousculer 2 personnes, à la 123ème fois ça lasse), l'héroïne poursuivie qui trébuche (rah c'est pas pratique les pieds quand on en a 2), des rebondissements à 2F, non je pleure.

Tout cela sur fond de campus étudiant (la cible du film), café "à la Friends", un bled où visiblement il n'y a qu'un seul modèle de blouson en vente (d'où des quiproquos fantastiques vous vous en doutez, haha comme c'est fort). Et bien sûr, parmi un cast puisé encore une fois dans le vivier (j'ai dit évier ?) des séries TV et de la pub, l'héroïne qui sait, mais personne ne veut la croire, le méchant journaleux qui ne pense qu'au scoop, mais va s'apercevoir que "oh mon Dieu, tu as raison, il y a des vrais gens derrière ces histoires, vite, où sont mes orties-rédempteurs ?" (et en moins sexy que Courtney Cox), le gros comique, le buddy du gros comique, le buddy du buddy (du buddy), la meilleure amie qui pique les copains, le passé un peu trouble qui va tout expliquer, la fan de gothique pas fine, le dernier sursaut du tueur, le "I'll be right back (don't move) / Oh, I'm gonna get some help right now", c'est mauvaaaiiiiiiiiiiiissssssssssssss mauvais mauvaiiiiiisssssss.





Urban Legend : ahuris

L'air ahuri, c'est pas aussi
facile qu'on le croit...



Bref, absolument tout se laisse deviner 2h30 avant, appuyé par d'énormes ressorts. Vous pouvez laisser le cerveau, la tête, les pieds, à peu près tout au vestiaire, et à moins d'avoir la caboche au fond du sachet pendant 45mn, un gosse de 7ans et demi trouvera l'identité du tueur (ridicule) 1h avant la fin (monsieur le réal, ça t'arrive jamais de compter qui manquent dans les scènes ?), et le "mobile" apparaît rapidement en lettre de feu, c'est énorme ( une fois identifié, le tueur nous gratifiera de la plus pathétique imitation de dinguo-qui-roule-des-yeux qu'on ait pu m'infliger). La scène finale, quant à elle, emporte tout sur son passage, c'est très très con puisque notre tueur, après s'être pris 2 balles à bout portant, va tomber de 3 étages sur le bitume, trouver la force de grimper dans la bagnole des héros, les agresser à grands coup de hache (trouvée où ?), se prendre un part-brise en pleine tronche pour finir 20 mètres plus bas dans un fleuve... et survivre ("on ne retrouva jamais le corps" naaaaaaaan) !

Quant à notre tueur justement, il se balade en parka-esquimau fourrée (on dirait Kenny), alors qu'on se situe vers le mois de mai !! Youhou les gars ?!? Autre scène grandiose : notre héroïne retrouve son amie à la piscine et l'observe s'entrainer (elle est seule) depuis l'étage des spectateurs... Séparée par une vitre apparamment blindée, elle ne peut pas la prevenir lorsque soudain (ouuuuh j'ai peur) surgit un individu en parka, pantalon noir, grosse boots de travail, s'approchant calmement mais sûrement du rebord de la piscine, invisible pour la nageuse. C'est la panique à bord, notre héroïne hurle, frappe contre la vitre... jusqu'à ce que l'individu ouvre sa parka, pour laisser apparaitre... une autre nageuse !! Nadaaaaaa ! Comme si vous alliez au vestiaire, vous mettre en maillot, puis remettre votre nom de Dieu de stupide parka fourrée pour aller jusqu'au bord d'une piscine surchauffée et enlever le tout ?!? Allo, y a un scénariste dans la salle ?!? Est-ce qu'on est obligé de prendre tous les teenagers pour des démeurés ? Il n'y a que 2 ou 3 adultes dans tout le film ! Une SEULE agent de sécurité pour TOUT un énorme campus !

Voili. Gigantesque compile de ce qu'on fait de pas finaud dans le genre, ça surfe sur la fin de vague "le revival des tueurs", c'est vu, revu, archi-revu, sans aucune inventivité, ironie, recul, second degré, ça tient pas debout, c'est pas drôle, mal joué, pas beau, pas gore, pas marrant, ça fait pas peur et c'est sur vos écrans.

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