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Channel 4 et le cin�maChannel 4 : une cha�ne diff�rente
Des programmes anim�s d'un esprit novateurLa cr�ation de Channel 4 fut subordonn�e � une double mission�: d'une part s'adresser aux minorit�s, � ceux dont les id�es et les go�ts avaient rarement droit de cit� � la t�l�vision avec des exemples extr�mes comme les �missions Black on Black ou encore celle du Front de Lib�ration des Animaux. Une politique que la presse populaire caricatura en campant le t�l�spectateur type de Channel 4 en homosexuel borgne�; d'autre part innover en cr�ant des programmes compl�mentaires de ceux d�j� diffus�s, abordant des sujets d'int�r�t g�n�ral dans les domaines politiques, sociaux, culturels ou �ducatifs. C'est donc Channel 4 qui la premi�re imposa le journal t�l�vis� � 19 heures, apprit aux t�l�spectateurs � d�cortiquer ce m�me journal dans son �mission The Media Show, proposa des documentaires historiques sur le Royaume-Uni en juxtaposant une vision marxiste aux interpr�tations plus traditionnelles. � l'arriv�e, une d�marche unique au monde o� pour la premi�re fois la puissance publique met en place une structure priv�e avec une mission de service public. Une production ind�pendante stimul�eEn se limitant exclusivement � une politique de programmes et en d�l�guant la fabrication de ses �missions et de ses documentaires, Channel 4 a r�ussit � prouver qu'il �tait possible de travailler avec une structure l�g�re tout en s'appuyant sur un r�seau de producteurs ind�pendants. Cette politique a eu pour effet de stimuler la production ind�pendante en Grande-Bretagne�: en 1982 pr�s de 200 compagnies travaillent pour la cha�ne de Jeremy Isaacs�; en 1990 elles sont 500 � lui fournir 2140 heures de programmes. L'objectif de la cha�ne a �t� de favoriser la cr�ation d'un nombre important de compagnies pauvres mais stables avec des possibilit�s restreintes d'expansion. Une s�curit� qui a prot�g� la structure d'une �ventuelle d�pendance � un nombre limit� de fournisseurs qui auraient pu agir de concert contre ses int�r�ts �conomiques. Un Term of Trade �tablit des normes contractuelles entre Channel 4 et ses fournisseurs. La premi�re, banquier et fournisseur de cash-flow des seconds, garde les droits des programmes qu'elle a financ� et r�cup�re 70% des profits sur les ventes futures de ces œuvres. � l'heure actuelle, la cha�ne a proc�d� � une r�duction de ses programmes originaux pour faire face aux bouleversements politiques qui ont agit� le monde audiovisuel britannique en 1991-1992 (voir un �quilibre menac��?), ces coupes claires dans la programmation atteignent de plein fouet les producteurs ind�pendants qui survivent difficilement. En outre, l'Independent Programme Producer's Association (IPPA) qui repr�sente les int�r�ts de ces compagnies souhaite une ren�gociation du Term of Trade notamment sur les probl�mes de droits. Avec l'explosion des march�s secondaires (vid�o, c�ble,�…) le secteur ind�pendant aspire � une redistribution plus �quilibr�e des profits. Malgr� ces difficult�s, Michael Checkland, directeur g�n�ral de la BBC annon�ait en 1989 sa volont� de confier une part de ses programmes aux producteurs ind�pendants, rendant ainsi hommage � la politique men�e par Channel 4 depuis sa cr�ation. L'aventure cin�matographique de Channel 4
Un esprit cin�maIl y a une quinzaine d'ann�es, l'industrie cin�matographique britannique aurait pu dispara�tre sans les efforts �nergiques des cha�nes de t�l�vision et tout particuli�rement de Channel 4. En 1981, Jeremy Isaacs �crivait�:
'objectif de la cha�ne fut de se d�marquer de ses concurrentes en d�passant le stade de la production de dramatiques ou de docu-dramas (documentaires de t�l�vision combinant l'information documentaire et les avantages �motionnels de la narration de fiction) sp�cialit�s de la BBC et d'ITV. Elle devait donc cr�er une filiale pour intervenir directement dans la production ou la coproduction de films de long m�trage�: 1981, le d�partement Film on Four dirig� par David Rose et son �quipe, Karin Bamborough, Walter Donohue et Peter Ansorge. Les objectifs de Film on Four�:
Sur le terrainUne dimension �conomique
(Duncan Petrie) En effet, Channel 4 est la premi�re cha�ne europ�enne a avoir assum� le r�le de principal producteur, de financier et d'exploitant domestique d'une industrie cin�matographique nationale —�gr�ce au vineyard system, faire des films cette ann�e pour les retransmettre un ou deux ans plus tard. La cha�ne a eu pour principe de limiter le co�t de ses infrastructures � 15% de ses revenus�; l'argent ainsi d�gag� alimentant le budget de Film on Four soit pr�s de 13 millions (environ 110 millions de francs) par an pour un nombre de projets variant entre 15 et 20 films financ�s en totalit� ou en partie. � l'inverse de la BBC dans les ann�es 70, Film on Four ne se voulait pas un simple studio. Son fonctionnement, calqu� sur celui d'une maison d'�dition, visait en priorit� � garantir le financement ad�quat aux projets retenus et non � les diriger. C'est pourquoi chaque film fut trait� comme un cas particulier, le d�partement faisant varier sa part producteur selon les besoins. Ainsi les premi�res productions telle "My Beautiful Laundrette" (Stephen Frears, 1985) furent financ�es � 100% par la cha�ne. Par la suite Film on Four s'est tourn� vers les coproductions devenant une force financi�re majeure derri�re le British Screen et le British Film Institute Production Board (BFIPB).
(Stephen Romer) La cha�ne travaille aussi avec des coproducteurs internationaux et
outre la production britannique, investit dans le cin�ma d'auteur europ�en
("Paris, Texas"
de Wim Wenders)
et parfois africain. Elle participe �galement au financement
du cin�ma ind�pendant am�ricain (elle co-produit notamment les films de
Hal Hartley).
Pour Colin Mc Cabe,
� la t�te du British Film Institute Research Division, le
fait que Channel 4 consacre un pourcentage de ses revenus pour r�g�n�rer le cin�ma
britannique peut �tre per�u comme une taxe parafiscale sur les revenus de la
t�l�vision anglaise. Habituellement les commentateurs soulignent que le cin�ma
britannique est faible car il souffre de l'absence de m�canismes de subsides publics
pr�sents dans les autres pays europ�ens (ex�: l'avance sur recettes fran�aise). En
fait ��
Un climat novateurLes m�thodes de production peu orthodoxes employ�es par Channel 4 dans une industrie conservatrice et moribonde ont cr�� une diversit� sans pr�c�dent dans la production audiovisuelle britannique tant sur le plan des formes de production que sur celui des formes de repr�sentation. D'une part, dans le sillage de Film on Four, sont apparues de nouvelles maisons de production ind�pendantes, de petites compagnies (ex�: Working Title) dynamiques qui ont pron� un cin�ma moins acad�mique et � qui l'on doit nombre de films cultes de la d�cennie �coul�e�: "My Beautiful Laundrette", "Sammy and Rosie get laid" de Stephen Frears, "Mona Lisa" de Neil Jordan ou encore "Rude Boy" de Jack Hazan et David Mingay. Aujourd'hui, la plupart de ces compagnies ont �t� rachet�es par des multinationales � l'exemple de Working Title maintenant propri�t� de Polygram. En perdant leur ind�pendance, ces petites structures gagnent un apport logistique pour concurrencer les am�ricains sur leur propre terrain avec un cin�ma commercial anglo-saxon mais de sensibilit� europ�enne. Mais Channel 4 a aussi favoris� le d�veloppement de structures plus importantes, largement financ�es et qui se sont �tendues dans d'autres secteurs audiovisuels comme le march� vid�o � l'exemple de Palace ou encore Artificial Eye. D'autre part, en ouvrant l'acc�s des moyens de production au plus grand nombre, la cha�ne a favoris� un climat d'innovations technologiques. C'est sous sa tutelle que des cin�astes ont pu exp�riment� de nouveaux proc�d�s comme le Blue-Screen, la post-production vid�o num�rique ou encore les effets graphiques par ordinateur. Une dimension culturelleL'arriv�e de Channel 4 dans le monde audiovisuel anglais a ouvert la voie d'un cin�ma � dominante ethnique. Pionni�re du m�tissage culturel, elle montre une optique nouvelle en Europe en int�grant les influences venues de l'Est, de l'Orient et du Sud. Et ce sont les cin�astes originaires des anciennes colonies qui, profitant de la fuite des talents � Hollywood, prennent le contre-pied de la mauvaise conscience post-coloniale illustr�e par Richard Attenborough ("Gandhi") ou David Lean ("A Passage to India"). Leurs figures de proue sont Hanif Kureishi, sc�nariste-romancier-r�alisateur ("My Beautiful Laundrette", "Prick up your ears", "London kills me") et Isaac Julien ("Young Soul Rebels") mais aussi John Akomfrah qui r�sume ainsi la situation�:
Une atmosph�re d'�mulationLe succ�s et l'originalit� du d�partement cin�matographique de
Channel 4 a cr��e une v�ritable �mulation au sein des autres compagnies d'ITV et
de la BBC. Et comme le souligne Duncan Petrie : ��
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