Gordon Hessler - Partie 3

De 1974 au début des années 80 : le presque-néant


CERTAINES FILMOGRAPHIES créditent Hessler de la réalisation, en 1973, de, "Medusa", avec George Hamilton et Cameron Mitchell (quand même !), ce film est parfois titré "The Rhodes Incident" ou encore "Twisted", produit par George Hamilton et écrit par Christopher Wicking (ce qui est plutôt bon signe), mais je ne l'ai pas vu. De 1974 à 1978, peu de films pour le cinéma, ou alors ils sont restés tristement inconnus. Quelques traces mentionnent l'existence d'un "Hitch-Hike!" en 1974 qu'il ne faut pas confondre avec "Hitch-Hiker" de Ida Lupino. Certaines filmographies parlent aussi d'un "Atraco en la jungla" coproduction Européano-Vénézuélienne complètement mystérieuse, dont un seul nom au générique est connu, celui de Robert Vaughn, l'acteur de séries T.V.



...oui oui, Kiss le groupe de
clowns hard-rockeux-disco
extrêmement pénible...

Hessler part aux USA, à la demande de Joseph Hanna et William Barbera, pour tourner, en 1978, "Kiss contre les fantômes" (oui oui, Kiss le groupe de clowns hard-rockeux-disco extrêmement pénible). Le film est une telle réussite qu'il ne sortira même pas sur les écrans de cinéma mais directement à la télévision, sauf en Europe où il bénéficiera d'une large distribution vu que le groupe était très à la mode à ce moment là. Effectivement le film est incroyablement mauvais, reste que, ça n'est ni plus ni moins qu'une aventure du chien Scoubidou mais avec les membres du groupe dans les premiers rôles. Mauvais donc, mais en fait (involontairement ?) très drôle, jouant avec le maximum de conventions et de poncifs, le scénario vous offre un savant fou, un clonage des membres du groupe, des ados partout, etc. Las de ne pas voir arriver de bons scénarios, Hessler se retire à la télévision pendant quelques années, il avait pourtant commencé à tourner un film de SF, dans la lignée de la guerre des étoiles, aux studios de la Victorine à Nice, mais vraisemblablement, ce projet (qui l'emballait vraiment) lui a été retiré. Il tournera de nombreux épisodes pour de nombreuses séries, même les plus ringardes ("CHIPS", "Wonder Woman", "Hawaï Five-O" et beaucoup d'autres).

Année 1983 : retour au cinéma, collaboration avec Sho Kosugi, Girl in a Swing


1983 c'est le début d'une nouvelle carrière pour lui, malheureusement beaucoup moins intéressante que pendant les années 70. Cela commence en Angleterre avec "Escape from El Diablo" dont on sait peu de chose (rien, en fait), puis c'est la série des films avec Sho Kosugi, des histoires de Ninja. Le premier, "Pray for Death" (1985) n'est autre qu'un remake des aventures de Charles Bronson au pays de la vengeance et de la self-justice. Akira (Sho Kosugi) quittant son Japon natal, vient gentiment ouvrir un restaurant, mais des gangsters violent et assassinent sa femme. Donc, il s'habille en Ninja, se venge, et... Il finit tout les sushis. Le film, très moyen, rencontre un certain succès, et un autre film ne tarde pas à voir le jour produit par Sho Kosugi qui en profite pour réembaucher Hessler, ce sera "Rage of Honnor" tourné en 1986. En 1986/1987 Hessler tourne un film de guerre, avec un casting réunissant David Carradine et Oliver Reed, il s'agit de "The Misfit Brigade" (appelé parfois "Wheels of Terror"). Les quelques souvenirs que j'en ai ne sont pas vraiment flatteurs, mais pas franchement mauvais non plus, un film de série de plus.



Meg Tilly dans Girl in a Swing

...belle, intelligente, sexy...
C'est Meg Tilly !

Jusque là on pourrait croire qu'Hessler n'avait eu que de la chance de réussir deux ou trois films, mais en 1989 Miramax lui offre l'occasion de se racheter, il réalise pour eux "The Girl in a Swing" avec la très belle Meg Tilly, qui s'offre là un très beau rôle plutôt inhabituel. L'histoire est celle d'un jeune anglais qui trouve la femme idéale (façon de parler), belle, intelligente, sexy, doué pour tout (il en oublie son impuissance pourtant incurable), très amoureuse, etc. Ils se marient (civilement, elle refuse l'église), ils sont heureux. Mais elle cache un secret, quelque chose de très ancien, qu'elle voudrait révéler. Inquiet de ce qu'il pourrait perdre le jeune homme lui demande de garder son secret. Je ne vous en dit pas plus, sachez que le film est très frustrant, mais que c'est cette frustration qui en fait tout le charme. La mise en scène de Hessler est plutôt sage, mais certaine scènes plus vives, certains mystères autour desquels on se contente de tourner, n'en son pas moins sa marque de fabrique, et le film est vraiment bien fait et intéressant.

On en termine avec une autre production de Sho Kosugi, dans le dernier film d'Hessler pour le cinéma, intitulé "Journey of Honnor" (1992). Pas grand chose à en dire, sinon que Christopher Lee y fait une belle prestation, de même que Toshiro Mifune, deux excellentes raisons d'y jeter un coup d'oeil.

En guise de conclusion, et pour être tout à fait honnête, on ne peut pas dire que Gordon Hessler fasse partie des grands réalisateurs, ni même, des "petits maître" (expression à connotation fortement condescendante). Hessler est plutôt un artisan malchanceux, qui n'a jamais eu qu'une seule occasion de montrer ses capacités à innover ("Scream and Scream Again"), bousculé par les producteurs, manquant surement de force de persuasion, trop gentil pour faire sa place, il se contente de productions bien impersonelles. Il est loin d'être le seul réalisateur dans ce cas, tout ceux dont on ne parle jamais. Je surveille son activité afin de compléter éventuellement ce petit article.

THE END

Pas de bibliographie pour ce brave Gordon Hessler, sinon une interview dans un ancien numéro de l'ecran fantastique, c'est peu.

Kronos

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