Victor... pendant qu'il est trop tard

Victor... pendant qu'il est trop tard

de Sandrine Veysset
1998 - 1h28 - France ("Victor... pendant qu'il est trop tard")
avec : Jérémy Chaix (Victor), Lydia Andrei (Triche), Mathieu Lané (Mick)
scénario et dialogues : Sandrine Veysset, librement inspiré de Les ailes de Julien de Dennis Belloc
photo : Hélène Louvart
son : Didier Sain
montage : Matilde Grosjean
production : Humbert Balsan, Ognon Pictures, la Sept Cinéma, le Studio Canal+
sortie : Paris le 16 décembre 1998

Miss Daisy, 14 décembre 1998 :

IL �TAIT UNE FOIS VICTOR... Victor a dix ans. Il ne voudrait pas avoir de parents, du moins, pas les siens. Un soir de "trop", trop de laideur, trop de noirceur, il va partir. Victor, de rencontres en rencontres, de jour en jour et d�une nuit à l�autre, va se chercher une vie. Pas une nouvelle vie, sa vie tout simplement. Celle qu�il n�a pas encore eu.

Sandrine Veysset (dont c'est le deuxième film après "Y aura-t-il de la neige à Noël", 1996), conformément à sa volonté, a fait un film intemporel. Les sentiments, les situation de "Victor..." ne sont pas plus d�hier que d�aujourd�hui. Seuls les personnages ont des traits plus actuels, ne serait-ce que le rôle de Triche. Mais leur humanité reste libérée du temps.

Ce qui est magnifique, entre bien d�autres choses, dans "Victor..." c�est son naturel à faire coïncider le destin de Victor, Triche et Mick, trois êtres en marge, en souffrance, qui vont pourtant essayer de se trouver mutuellement.

Si le film de Sandrine Veysset est noir - encore obscurci par la photographie du film - il n�en est pas moins optimiste. S�il est lucide sur le mal, il l�est aussi sur le bien ! Et les principaux interprètes sont tout à fait à la hauteur de l�histoire et de leur personnages. On lit dans le regard de Jérémy Chaix, on observe dans ses gestes, on sent dans ses réactions, tout le vécu de Victor. La souffrance, la peur, l�enfance, l�espoir... Mathieu Lane, qui joue le rôle de Mick, restera en retrait tout au long du film. En retrait, mais pas absent. Et puis il y Triche. Prénom antonyme, puisque Triche ne triche pas, jamais. Ni avec les autres, ni avec elle-même. Lydia Andrei est une madone au visage caméléon, passant par mille souffrances et autant d�instantanés de joie. Sublime sourire...

Le grain de l�image est assez gros. Une épaisseur qui accentue le trouble et l�incertitude, mais qui nous évite d�être confronté à une réalité trop froide, trop crue. Comme pour garder une part de rêve et d�espoir, comme ces scènes oniriques qui émaillent le parcours de Victor et de Triche.

N�écoutez pas les gens qui vous diront que c�est triste ou "prise de tête", ceux qui vous diront que "Victor..." est un film noir. Il s�agit juste d�une histoire d�amour d�un optimisme évident, d�une histoire d�enfant. Il était une fois Victor... Chacun en sera quitte pour rêver son propre épilogue et le mien rejoindrait assez "La mélodie du bonheur" !

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