Roninde John Frankenheimer Renaud Amevet, 30 décembre 1998 : ONIN est un film admirable. L'histoire est bouleversante : des gens, ils cherchent une valise. Pour corser le tout, ça se passe en France. J'ignore où se situe ce pays reculé, mais après avoir vu le film, on n'a qu'une envie, c'est d'aller ailleurs. La Pologne de Jaruzelski, à côté, c'est le Parc Astérix. Donc, au coeur de ce milieu hostile, des mercenaires sans maître (des ronins, d'où le titre, mais le film aurait pu s'appeler Rollmops, Rognons, Rosny-sous-bois, ou Allez voir autre chose) se chamaillent pour une mystérieuse valoche. La valise en carton ? La valise RTL ? Mystère, c'est du David Mamet (non crédité au générique, pas fou le mec). Parmi ces ronins de jardin : Robert De Niro, la mine un peu grisouille de ceux qui ont mangé un truc pas frais à la cantine, ou qui ont été convoqués par le juge N'Guyen, et l'inénarrable Jean Réno, dans son emploi déjà fameux de second couteau frenchie qui fume et / ou prend un air concerné. (La carrière américaine de Jean Réno prend un tour inquiétant. Jean, si on te propose un film avec Rutger Hauer, méfie-toi, c'est un piège). Régulièrement, des séquences dialoguées à fort contenu philosophique viennent un peu freiner le rythme trépidant (deux poursuites dignes des "Brigades du Tigre", trois fusillades à la "Julie Lescaut") de ce film déjà culte. Extrait (attendre trois plombes entre deux répliques afin de créer un climat melvillien.) :
Mais le clou de ce film reste l'apparition de Michael " |
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Tout s'achève enfin dans |
A part ça, j'ai rarement vu autant de piétons innocents se faire zigouiller dans un film. Bon d'accord, ce sont essentiellement des Niçois, mais tout de même. Sinon, on voyage un peu. Tiens, les arènes d'Arles. Oh, le périphérique. Tiens, Féodor Atkine en entraîneur de patin à glace. Oh, mon voisin s'est endormi. Je sens le sommeil me gagner à mon tour, il... il faut pourtant que je tienne jusqu'au bout, pour témoigner. Heureusement, après une ultime péripétie (Jean Réno se mord la langue en mangeant un Figolu), tout s'achève enfin dans une patinoire, sorte de lieu-métaphore de l'oeuvre. |
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Esthétiquement, le film évoque tour à tour "Amicalement vôtre" et "Médecins de nuit", en moins moderne. A côté de "Ronin", "L'Arbalète" (Sergio Gobbi, 1984) c'est "La soif du mal". Et Gilles Béhat aurait pu faire mieux que John Frankenheimer, même sans les mains, même les yeux bandés, même malade, même mort. Quelques clés :
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