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Que la lumière soit
de Arthur
Joffé
1998 - 1h50 - France ("Que la lumière soit")
avec : Hélène
de Fougerolles, Ticky
Holgado, Tchéky
Karyo, Julien Guiomar, Sergio
Castellitto, Harry
Hotzman, Elie
Semoun, François
Morel, Jacques
Weber, Michael
Lonsdale, Rufus,
Dominique
Farrugia, Patrick Poivre d'Arvor, la voix de Philippe Gildas, Frédéric
Mitterrand, Arielle
Dombasle, Ruth Elkrief, et tous ceux qui passaient par là.
musique : Alain
Souchon, Alanski/Dierks pour Lio,
Ludwig
Van Beethoven et quelques autres.
sortie : à Paris le 8 juillet 1998
Pierre Guillemot,
13 juillet 1998 :
A
COMMENCE BIEN. La Terre dans l'Espace, image de synthèse glacée
de perfection, un météorite grandit dans un nuage d'étoiles.
Est-ce que je me serais trompé de salle (lendemain de Coupe du Monde,
couché tard, levé tôt pour aller à la première
séance parce que c'est moins cher, est-ce la bande annonce d'"Armageddon")
?
Mais non, maintenant que je le vois de près, il y a dessus une Abbaye de
Cluny nettement ébrèchée. Dans la grande salle il ne reste plus, devant
la cheminée en ruine où brûle un feu pas très vaillant, qu'un fauteuil
rouge et un petit bureau. Quelqu'un d'invisible tape à la machine, c'est
de l'hébreu. Un maître d'hôtel (un peu râpé, c'est Ticky Holgado)
apporte sur un plateau le remède à prendre le soir. Dieu est vieux, son
affaire ne marche plus, cette fois il veut revenir sur Terre et faire
tourner un film avec son scénario pour le bonheur des hommes. La
nouvelle parole d'espérance : "I have a script ".
Hollywood ne marche pas. En route pour Paris, la Jérusalem du cinéma.
Jeanne (pas D'Arc, de Fougerolles) entend des voix et finit par se laisser
persuader. Elle se fait reconnaître du Roi (en ce temps-ci, le grand
producteur Tchéky Karyo). Après avoir triomphé, avec l'aide de Dieu
et des simples d'esprit (bienheureux les ...), de ceux qui la traitent
de folle (Jacques Weber en chimiothérapeute), de la tentation du monde
et du diable, et de l'abandon de celui qu'elle aime, elle réalisera
le film qui fait s'envoler de bonheur le peuple des spectateurs.
Jeanne est heureuse, celui qu'elle aime a vu le film, et Dieu est content.
Fin.
Raconté comme ça, c'est n'importe quoi. Mais Joffé a une idée. Il avait
vu "Je
hais les acteurs" de Gérard Krawczyk, et rêvait de faire mieux.
Un film de cinéma sur le cinéma, avec tous les gens de spectacle dans
leur propre rôle, chaque personnage et chaque épisode dans la forme
exacte de l'idée reçue sur le sujet. Fait avec sérieux, ce serait
terrifiant, je n'ose pas imaginer ce que la réalisatrice catho de
"La belle verte" en aurait tiré. Mais Joffé
est un talmudiste qui sait que Dieu aime mystifier les hommes et
se faire plaisir. A chaque instant, il nous rappelle que c'est du
spectacle, pour notre délectation, "hein,
c'est exactement comme ça que vous l'attendiez ". �a ne marche pas
toujours, quelquefois il dérape vers le sérieux, ce qui donne lieu aux
critiques indignées des politiquement corrects (voir Première
du mois de juillet 1998). Pourtant nous avons un signal permanent,
la mignonne Hélène de Fougerolles (le grain de beauté le plus inoubliable
depuis Cindy
Crawford), tellement "mince", tellement jeune femme active Biba,
qu'elle nous met à l'abri de la métaphysique et de l'émotion mal venue.
Celle-là, je l'attends dans un autre rôle.

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