Full Metal Jacket

Full metal jacket

de Stanley Kubrick
1987 - 1h56 - U.S.A. ("Full Metal Jacket")
avec : Matthew Modine, Adam Baldwin, Vincent D'Onofrio, R. Lee Ermey, Dorian Harewood, Arliss Howard

Vincent Fournols, 6 janvier 1998 :

MÊME en version française, un Kubrick mérite le détour. Et au final toujours le même mystère : qu'est-ce qui caractérise l'oeuvre de Kubrick ? Il n'est pas le seul à avoir abordé autant de genres, même si l'éventail est là particulièrement impressionnant : boxe ("Killer's kiss", 1955), noir ("The killing", 1956), guerre ("Paths of glory", 1957 ; "Full Metal Jacket", 1987), S.F. ("2001", 1968) , peplum ("Spartacus", 1960), terreur ("The shining", 1979), psychologique sulfureux ("Lolita", 1962) , satire ("Dr Folamour", 1964), reconstitution historique ("Barry Lyndon", 1975), violence futuriste ("Orange mécanique", 1971). Et seulement 15 films en 46 ans de carrière. Mais, en faisant abstraction de l'importance de chacun des films cités dessus dans l'histoire du cinéma, je ne vois guère de fil conducteur dans cette oeuvre.

"Full Metal Jacket" en est finalement une illustration typique. De la première partie, on retiendra surtout la verve à l'obscénité décoiffante du sergent instructeur (bien doublé par Bernard Fresson au demeurant). Ce qui marque le plus est bien sûr le troisième volet : la section est censée se trouver dans Hué dévastée (nous sommes pendant la guerre du Vietnam), et tout fut tourné sur une énorme friche industrielle près de Londres, avec force palmiers importés, flammes qui surgissent des fenêtres et quelques panneaux en vietnamien pour faire bonne mesure.




..."Full Metal Jacket" fait
néanmoins partie des
grands films [...] de
guerre tout court.

Foin du réalisme de "Voyage au bout de l'enfer" (Cimino, 1978), d'"Apocalypse now" (Coppola, 1979) dans une certaine mesure, de "Platoon" (Stone, 1986) a fortiori, "Full Metal Jacket" fait néanmoins partie des grands films sur la guerre du Vietnam, mais peut-être au-delà, de guerre tout court.

Il n'y a donc pas de grand spectacle, pas d'héroïsme bravache ou gominé ni de couardise révélatrice. Mais qu'est ce qui marque autant alors dans ce film ?

La seule chose que je vois c'est finalement un équilibre extraordinaire entre la crédibilité des protagonistes (ni héros, ni salaud donc) et une abstraction de la guerre loin du militantisme ou de la glorification, de la souffrance mélodramatique ou révulsive, ou du ludisme de la stratégie des états-majors. Il y est plus génialement question d'attitudes que de comportements, et il est possible que Kubrick ait ainsi pu toucher très profondément à un inconscient très partagé. Mais je n'ai pas l'impression d'en être plus avancé.

J'ai vu un film fort et superbe, et c'est déjà très bien !

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