Fric-frac



Fric-frac : Michel Simon et Arletty

Fric-frac

de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara
1939 - 1h45 - France ("Fric-frac")
avec : Fernandel (Marcel), Arletty (Loulou), Michel Simon (Jo), Hélène Robert (Renée)
scénario : Michel Duran d'après la pièce d'Edouard Bourdet
photo : Roger Corbeau, Louis Née et Armand Thirard
musique : Oberfeld

Vincent Fournols, 4 juillet 1999 :

UNE BELLE soirée d'été, les enfants couchées, rien à la télé, allez, on se fait une vidéo maison, et le sort tombe sur "Fric-Frac".

Il y a des fois où il ne faut même pas chercher à être objectif au cinéma. Soyons assez fou pour imaginer un film qui infligerait une terrible pression médiatique, il influerait un tant soit peu sur le plaisir qu'on y prend. Eh bien, cela marche également pour moi avec les vieux films qui arrivent sur mon écran avec leur bagage de souvenirs plaisants.

"Fric-Frac" conte l'improbable rencontre entre un zélé employé de bijouterie (Fernandel) coursé tout aussi improbablement par la fille de son patron, et de deux personnes (Michel Simon et Arletty) issues des milieux tellement populaires qu'ils en seraient même un peu louches sur les bords.

Dans la production des années 30, autant pléthorique qu'immémorable, "Fric-Frac" se distingue par un scénario de comédie assez dense, plutôt bien ficelé et rebondi, et plus d'une fois surprenant par ses côtés directs. Décors, technique, musique sont réduits au minimum, mettant d'autant mieux en valeur les dialogues et les acteurs : la performance phénoménale de Michel Simon, la réjouissante prestation de Fernandel un chouïa au-dessus de ce qu'on attendait, et une habile présence d'Arletty qui aurait facilement pu être éclipsée par ses comparses. La fille du patron, interprétée par Hélène Robert, est la plupart du temps oubliée lorsqu'on parle du film mais elle sert plus qu'honorablement de faire-valoir.

Rien n'est plausible dans le film, aucune situation, aucune attitude et à commencer par la théatralité de l'action. Mais on s'en moque car le trio nous entraine aux joies du bonneteau en plein air et aux parties de cartes d'arrière-cafés, à la découverte de l'argot et du javanais, à écluser les godets, à faire attendre les dabes... Tout est drôle ou exagéré sans être outrancier, et de ce fait le film supporte très bien son âge. Mieux qu'une curiosité, un fragment mémorable de l'histoire de la comédie française.

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