Dancer, Texas

Dancer, Texas, (le rêve de la ville)

de Tim McCanlies
1998 - 1h38 - USA ("Dancer, Texas, Pop. 81")
avec : Breckin Meyer (Keller Coleman), Peter Facinelli (Terrell Lee), Eddie Mills (John), Ethan Embry (Squirrel)
scénario : Tim McCanlies
photo : Andrew Dintenfass
musique : Steve Dorff

Blackjag, 13 novembre 1998 :

(Note : cet article contient des révélations sur le film, préjudiciables à une bonne découverte en salle !)

LA TRAME initiale du film m'a paru un peu légère mais si inconsistante que je n'ai pas cru qu'on avait pu en faire un film. J'ai donc imaginé que derrière se cachait un développement fort, de ceux qui font les petits bijoux qui passent inaperçus ou en tout cas les bonnes soirées. Erreur !

Dancer, Texas, 81 habitants. À 11 ans, Keller, Ecureuil (Squirrel), Terell Lee et John se sont jurés de quitter leur bled aussitôt leur diplôme en poche et de partir pour la Ville, Los Angeles en l'occurrence. Quand le film commence, ils ont 18 ans et c'est le jour de la remise des fameux diplômes. La grande question se pose enfin, concrètement : Partiront ? Partiront pas ? Ça, c'est l'intrigue. C'est sûr, il ne fallait pas être futefute pour y voir quelque chose d'intéressant. J'ai aussi mes petites faiblesses.

Pendant environ 1h30 on assiste donc aux interrogations et aux états d'âme de 4 jeunes teen-agers désoeuvrés, perdus dans un patelin perdu lui-même au bout de nulle part. Ce qui n'empêche pas d'assister à une scène dont on ne sait si elle est du 300ième ou du 500ième degré où les vertus d'une petite bourgade de province comparées aux défauts de la grande ville sont énoncées les unes après les autres, au cours d'une conversation en plein air (c'est sain) autour d'un feu de camp (c'est encore plus sain). "Dancer Texas", film pro-anti-exode-rurale. Quand l'ensemble des habitants commence à prendre les paris à propos du départ des 4 indécis, j'ai cru qu'enfin quelque chose de bien allait se passer. Mais ce n'est qu'un prétexte pour établir la liste de tous les poncifs concernant la grande ville de 13 millions d'habitants (L.A.) vus d'un trou de 81 habitants : drogue, prison, tremblements de terre, etc. Et pendant tout le film cette théorie est assenée à grand coup de réflexions foireuses et d'allusions péremptoires et stupides. La scène introductive peut laisser entrevoir de l'ironie là où on ne décèle finalement que de la bêtise ennuyeuse. Les quatre héros font bronzettes au milieu d'une route qu'aucune voiture n'emprunte, enfoncés dans des chaises longues, la glacière aux pieds. Ils cherchent un moyen pour que leur patelin figure enfin sur les cartes.

Il y a John, héritier du ranch familial malheureux parce que papa ne desserre pas les mâchoires (il manque de communication), Ecureuil, fils d'alcolo qui pourrit au fond d'une caravane crasseuse et qui est mal dans sa peau avec son look de teen-ager des années 50 (il manque d'amour), Keller, orphelin et petit-fils serviable envers grand-père (il manque d'attache), Terell Lee, héritier des puits de pétrole familiaux et clone de Tom Cruise (il manque de liberté). Mais comme cela ne suffisait pas à ratisser tous les poncifs du genre on a droit aussi à la mère de Terell Lee, une sorte de bourgeoise texane ridicule et débile, à quelques images d'Epinal telles que le troupeau de bêtes à cornes rentrant au ranch, le puits de pétrole au milieu de nulle part, les chevaux sauvages venant boire et j'en passe et des pareilles sûrement, j'ai dû m'assoupir.

C'est lent. On n'arrive pas à s'intéresser aux personnages. On se contrefout de leurs états d'âme. Il y a de la musique sirupeuse tout le temps comme si le faiseur de ce film avait peur de laisser les choses aller d'elles-mêmes, à leur propre rythme. La musique est gnangnan, les personnages sont gnangnans, l'histoire est gnangnan. Premier noeud dramatique majeur de l'histoire : le fils du pétrolier sermonné par sa mère dominatrice ne partira pas. Rebondissement final (les Américains disent climax) : devinez quoi ? Et le petit Keller de s'indigner du début à la fin : "Oh les gars, z'êtes pas sympas. On s'était juré de partir et vous me laissez tomber. Bandes de méchants". Il y avait pourtant de bonnes choses en couveuse : les veuves qui assiègent le dernier petit vieux de libre dans le bled en lui remplissant son frigo de petits plats, la discussion du début entre les 2 cow-boys (- ça va ? - ça va ! - Content de t'avoir parlé), la nana du poivrot qui est le seul personnage intéressant donc l'un de ceux que l'on voit le moins, et la réflexion du gogol de service : "les femmes ne s'intéressent pas aux mecs bien. Elles préfèrent s'occuper des sales types pour en faire des mecs bien". J'ai trouvé ce film rasoir au bout d'un quart d'heure. Je m'admire de me l'être fadé en entier. En plus on n'était que 2 dans la salle et l'autre était une rongeuse de popcorns ! Arg !

Autres liens :

Retour