Les copains du dimanche

de Henri Aisner
1958 - 1h40 - France ("Les copains du dimanche")
avec : Yves Deniaud, Paul Frankeur, Marc Cassot, Julien Bertheau, Jean-Paul Belmondo, Evelyn Ker, Michel Piccoli
scénario : Henri Aisner, Gaston Bounoure, Raymond Lavigne
dialogues : Lilo Damert et Antoine Tudal
photographie : André Dumaître
musique : M. Philippe-Gérard

Boris Monnier, 20 janvier 1999 :

BON, bien entendu, ce n'est pas un chef d'oeuvre cinématographique, vraiment on peut pas dire, il n'empêche que c'est une sympathique curiosité. D'abord, il y a Jean-Paul Belmondo dans un de ses premiers rôles. Il y joue un petit ouvrier, un rien naïf, gentillet qui vit seul avec sa bonne maman. Le week-end après une pénible semaine de travail il s'emmerde, accepte de bêtes invitations de camping minables dans les champs pluvieux et boueux du nord de la France, des fois il va au bal (musette) et puis il gratouille la guitare, rien de véritablement transcendant. Bien entendu il n'est pas le seul à s'emmerder dans la vie. En fait, c'est le sort commun à tous les ouvriers de l'usine qui se cassent la tête toute la semaine (entre 50 et 55 heures) à bosser comme des forcenés et n'ont rien à faire le week-end (hormis donc les plans camping ou le bal, voire la télé pour ceux qui ont économisé).

Or, voilà que grâce à quelques passionnés entre autre le dénommé Casti (Marc Cassot) certains de ces ouvriers vont se mettre à retaper un vieil avion avec comme but ultime de créer un aéroclub. A partir de là on se retrouve plongés dans une ambiance scout, Club Mickey de gentils bricolos qui bossent tous les week-ends à remettre en état un avion et ce, dans une sacré bonne humeur. Une bonne humeur qui est maintenue en permanence par un Belmondo-guitariste des plus jovial. Au milieu de cette bande il y a la très nécessaire sympathique jeune fille (même si elle ne fout rien), et le vieil ouvrier retraité, riche d'expériences diverses, au rire gras et à l'oeil pétillant ; en fait il ne manquerait qu'un gentil chien jappant pour compléter ce tableau bucolico-débiloïde. Bien sur, au sein de cette belle équipe, il y a de temps en temps des conflits, des petites engueulades, surtout avec le dénommé Raf (Julien Bertheau, excellent comme toujours) qui lui n'est pas là pour rigoler...

Et puis comme dans toute "aventure humaine" il y a des moments de désespoir, ça coûte cher, ce n'est pas toujours facile... Heureusement tout le monde s'y met sans rechigner. économisant d'un côté, profitant des connaissances mécaniques des uns et des autres, étant épaulés par le sympathique et efficace syndicat (le film a été produit en coopération avec la CGT et ça se sent) etc. Tous ensembles, ils réalisent leur rêve commun. Le film tend à prouver que même les ouvriers peuvent trouver les moyens de voler, et que ce passe-temps n'est pas seulement réservé à la bourgeoisie oisive dont on voit l'écoeurante illustration notamment lors des scènes avec Michel Piccoli, qui fait ici une brève apparition .

En étant extrêmement gentil (au moins autant que le film) on retrouve un peu dans le meilleur des cas, une ambiance front populaire telle qu'on pouvait la ressentir dans certains films d'avant guerre, toutes proportions gardées bien entendu. Les ouvriers s'unissent pour affronter les difficultés, selon le principe roi d'une vieille rengaine qui a fait ses preuves et qui veut que l'union fasse la force. C'est le message principal du film, dont l'idée est renforcée de façon particulièrement convaincante, lors de la scène d'anthologie, où l'on voit tous les ouvriers réunis au clair de lune pour créer la mémorable chanson "Avec ses dix Doigts". Voilà c'est un film très optimiste un rien bébête et baveux (dans sa forme) avec une musique terrifiante de Mr. Philippe-Gerard. C'est pas bien, mais on s'en fout. Alors tout le monde s'assoit en rond autour de la télé et regarde béatement ce film sorti d'un autre âge.

Le coin du bourreau des drosophiles :

Le film s'intitulait initialement "Demain nous volerons" et ne fut exploité qu'à la télévision.

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