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Central do Brasilde Walter Salles Jr Blackjag, le 20 décembre 1998 :
Dora est une vieille femme méchante et sournoise, vieille et laide. Elle est écrivain public dans la gare. De nombreux illettrés viennent la voir. Parmi eux, Josué et sa mère. Celle-ci veut faire écrire à son mari qu'elle a quitté des années plus tôt. Mais Dora dès qu'elle rentre chez elle appelle sa vieille copine prostituée et se livre à un affreux amusement avec les lettres écrites dans la journée. Elles les lisent, en rient, les déchirent et les jettent. Jamais aucune de ces lettres ne partira. Quand la mère de Josué se fait écraser par un bus, l'enfant reste seul dans l'indifférence général. Des comme lui, il y en a tant. Abandonné il se blottit dans un coin de la gare. Une fibre de compassion se révèle chez Dora et elle héberge le gamin pour une nuit. Ce n'est qu'une faiblesse passagère pour ce coeur asséché qui dès le lendemain vend l'enfant pour se payer une télé neuve. Quand son amie lui parle des enfants découpés en tranche pour le trafic d'organe, Dora craque et cours récupérer Josué. Fuyant dès lors la mafia locale, elle part avec lui pour retrouver ce père inconnu à l'autre bout du pays. |
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C'est un voyage de rédemption... ![]() |
C'est un voyage de rédemption qui commence pour Dora. Au contact du gamin sa propre enfance douloureuse lui revient lentement ainsi que sa tendresse. Dans ce Brésil misérable elle réapprend à aimer et à s'aimer. Redevenue écrivain public pour pouvoir survivre, grâce à la malice de l'enfant, elle se dirige vers une poste et envoie pour la première fois sans doute les lettres écrites durant la journée. C'est une histoire dure, sans concession. La misère profonde ne déclenche pas des élans de solidarité. Elle pousse simplement au repli sur soi. C'est la loi de la survie. Chacun pour soi. Dans ce monde désolé, chaque image de ce film est douloureuse. Il n'y a pas de compassion, pas de bons sentiments, pas de guimauve. Chacun peut mourir sur place sans que personne n'y prenne garde. Les pèlerins viennent se mortifier devant leur saint mais quand Dora fait une syncope devant eux, pas un ne bouge pour l'aider. La misère montrée est la même que dans "Chat Noir Chat Blanc" (Kusturica, 1998) mais sans la légèreté du propos et du rythme, au contraire. C'est d'autant plus étonnant que Walter Salles est je crois issu d'une des plus riches familles du Brésil et qu'il décrit là un monde qui n'est pas le sien. La hargne qu'éprouvent l'un pour l'autre la vieille femme et l'enfant se transforme lentement et douloureusement en un amour dont on se demande comme il peut naître dans cet univers si cruel. Cela le rend d'autant plus beau. Dora et Josué sont bouleversants. C'est un film superbe. Le coin du bourreau des drosophiles :Le film a été exploité dans les pays francophones sous les titres : "Central do Brasil" en France, "Central Station" en Suisse (qui est également le titre américain) et "Gare centrale" au Québec, qui est également le titre français d'un film de Youssef Chahine en 1957 ("Bab el hadid") V.F. Autres liens :
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