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Belovedde Jonathan Demme Raphaël Goubet, 19 mars 1999 :
Les blancs ont eu "Autant en emporte le vent". Les noirs auront-ils "Beloved" ? C'est peut-être ce que voulait, avec beaucoup de sincérité, la star noire des talk shows américains, Oprah Winfrey. Cela faisait dix ans qu'elle cherchait à faire adapter à l'écran le roman de Toni Morrison, qui gagna le prix Pullitzer (avant d'obtenir le Nobel en 1993). "Beloved" est sans doute le premier grand film sur les femmes noires à l'époque de l'esclavage. C'est un film par moment assez dur, mais dans lequel s'impose aussi parfois beaucoup de poésie. Peu banal en tout cas. A la fresque historique se mêle le portrait de femme et l'histoire de fantôme. Et dans ce mélange du réel et de l'irréel, on ne sait plus trop où est la frontière entre les deux. C'est ainsi que se dégage le charme très curieux du film, où c'est à travers l'imaginaire qu'est exposée la "vérité" historique. Jonathan Demme avait déjà livré quelques fort bons films, comme "Le silence des agneaux" ou "Philadelphia". Quant aux scénaristes, il s'agit de Akosua Busia, à qui l'on doit celui de "La couleur pourpre" de Spielberg, et Richard LaGravenese, qui a écrit "The Bridges of Madison County" pour Clint Eastwood, ainsi que "The Fisher King", réalisé par Terry Gilliam. Il n'est donc pas étonnant que de cette équipe de qualité sorte un film de qualité. Demme réalise ici un magnifique travail stylistique, grâce à la très belle photo de Tak Fujimoto, et une mise en scène réussie, travaillée, qui s'approche au plus près des personnages. |
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Beau, simplement beau.
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Oprah Winfrey fait preuve d'un étonnant talent d'actrice. Lorsque je parlais plus haut de sincérité, c'est dans sa performance qu'on la sent le plus. Elle incarne un personnage difficile avec émotion et empathie, mais aussi force et retenue. Danny Glover, comme porté par Winfrey, fait de Paul D. un personnage touchant et très crédible. Malgré ses trois heures et ses aspects de grandes fresques, "Beloved" est un film intimiste, proche du coeur, celui de ses personnages. Et c'est pour cela qu'il ne sera pas un "Autant en emporte le vent" ou un "Géants". Ce n'est pas un "Grand Film", mais un film sincère. Beau. Simplement beau. |
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