L'armée des douze singes (affiche américaine)

L'armée des douze singes

de Terry Gilliam
1995 - 2h09 - U.S.A. ("Twelve Monkeys")
avec : Bruce Willis (James Cole), Madeleine Stowe, (Dr. Kathryn Railly) Brad Pitt (Jeffrey Goines)
scénario : David et Janet Peoples, d'après le scénario de Chris Marker pour "La Jetée" (1962)
photo : Roger Pratt
musique (Musique (extraits sur Amazon.com)) : Paul Buckmaster et Charles Olin. Musiques additionnelles : Bernard Herrmann, Astor Piazzolla, Tom Waits, Louis Armstrong, et Fats Domino


Nicolas Rialland, 12 mai 1999 :

TWELVE MONKEYS est d'abord une histoire d'amour tragique : deux êtres, James Cole et Kathryn Railly, s'aiment sans jamais pouvoir se trouver, victimes de leur sort.

Bruce Willis incarne un personnage résumé dès les premières minutes. C'est une prisonnier, il vit enfermé et il est celui qui tente de s'échapper sans jamais le pouvoir. C'est le personnage qui ne parvient pas à agir, qui ne parvient pas à changer le cours des choses, qui subit. Dépossédé de son libre-arbitre, il accomplit un destin contre lequel tout combat est perdu d'avance. Cette mission, c'est de revenir dans le passé, de revenir dans l'avant, de tenter de réparer cette cicatrice qui traverse le film et le temps, et qui pourtant reste invisible : l'épidémie, la mort.

Au cours de son voyage, il recontre Kathryn Railly. Les deux personnages vont s'aimer, on le sait ; et sans jamais y parvenir réellement, on le sait aussi, c'est ça la tragédie. Leur comportement peut être résumé par deux théories aliénantes : le complexe de Cassandre, et le syndrôme de Stockholm. Ces deux êtres appartiennent à des temps distincts, séparés radicalement par l'évènement invisible. Pour Kathryn, James est celui qui la condamne, celui qui fait que tout est déjà joué, que tout s'est déjà produit. Pour James, Kathryn n'est qu'une virtualité, un passé qui n'existe plus.




... tout est déjà décidé [...]
ce film qui passe dans ce petit
cinéma, il l'a déjà vu.

Leurs deux conceptions vont peu à peu se rapprocher, ils croient à leur liberté, et c'est ce qui leur permet d'espérer, l'espace d'un instant, que tout est possible. Chaque voyage est pour Cole une naissance, puisqu'il arrive nu dans le passé ; c'est l'espoir d'échapper à sa prison du futur. Evidemment, c'est une illusion, le monde lui résiste : les animaux du Zoo peuvent être libéré, mais pas lui. En décidant d'appartenir au passé, en s'arrachant la molaire, il prend conscience que tout est déjà décidé, que ce film qui passe dans ce petit cinéma, il l'a déjà vu. Il ne peut que devenir un souvenir pour le futur, pour le jeune James Cole, témoin aujourd'hui de sa future mort.

La dernière image résume à elle seule tout le film, un gros plan sur le regard de James Cole enfant, voyant l'avion décoller. Il est le témoin de tout, mais il n'est qu'un témoin. Il assiste impuissant à la destruction de l'humanité. Il est spectateur, comme nous en somme.

Le coin du bourreau des drosophiles

Il est difficile de ne pas faire mention du très original court métrage : "La jetée" de Chris Marker (1962) dont "L'armée des 12 singes" est un remake. Pour ceux qui ne connaissent pas ce film rare (à tous points de vue), un petit site lui est dédié (en anglais) et une page de photogrammes.

Deux notions de psychologie sont fréquemment citées dans le film :

  • le complexe de Cassandre est celui de la personne qui prédit les malheurs au sein d'un groupe qui ne la croit pas.
  • le syndrôme de Stockholm est l'attitude qui consiste pour un otage à prendre fait et cause pour celui qui l'a pris en otage.

Le film auquel Kathryn et James assiste pour se déguiser est "Vertigo" (Hitchcock, 1958)

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